
Le 4 juin dernier avait lieu sur Paris la Journée Bois Énergie, coorganisée par le CIBE, AMORCE, FEDENE, FNCCR, Propellet et le SER.
Cette journée a permis à la filière bois-énergie d’exprimer ses préoccupations face à un discours public critique. Tout en reconnaissant l’importance d’une meilleure connaissance et gestion de la ressource forestière, de nombreux professionnels s’inquiètent face à l’évolution rapide des orientations actuelles. Filière accompagnée de longue date par les pouvoirs publics pour ses atouts territoriaux et climatiques, le bois-énergie fait aujourd’hui face à de nouveaux défis, au moment où elle atteint sa pleine maturité.
Dialogue citoyen et politique
Le dialogue citoyen et politique autour du bois-énergie gagne en intensité. Face à une perception parfois partielle des enjeux, il est essentiel de mieux expliquer les équilibres à trouver entre préservation des forêts et valorisation durable de la ressource. Mais une forêt non gérée est difficile d’accès, sujette aux risques, et moins résiliente. Comme le rappelait Hervé Le Bouler dans sa présentation, la forêt aide l’homme à se développer depuis toujours. Continuons à le faire, en adaptant nos pratiques avec les citoyens, les élus, et la filière.
Les enjeux territoriaux liés à la filière bois sont parfois insuffisamment pris en compte à mesure que l’on s’élève dans les instances de décision. À l’échelle européenne, l’image du bois-énergie et des équipements de chauffage reste perfectible, et certaines propositions de directives soulèvent des interrogations. Une mobilisation des représentants français, notamment sur la directive EcoDesign, serait opportune pour défendre une approche équilibrée et adaptée aux réalités de terrain.
Quelle ressource disponible ?
Les prélèvements augmentent, certes, mais ils sont gérés (voir figure1). La forêt française continue de croître, avec un taux de prélèvement global de 65 %. Les forêts bien gérées, comme celles de l’ONF (taux de prélèvement de 100 %), montrent l’exemple. Antoine Colin (IGN) a présenté les travaux de l’IGN et les avancées du GIS Biomasse, qui vise à mieux suivre les flux et disponibilités à l’échelle nationale.
Figure 1_Evolutions des prélèvements en forêt (diapo Mathieu Fleury, Président du CIBE)
Pour répondre à la demande, plusieurs sources sont identifiées, et présentées notamment par le FCBA :
- Les forêts non gérées et donc non exploitées, à mobiliser. On pourrait croire qu’elles sont forcément en meilleure santé mais ce n’est pas forcément le cas.
- La modification de certaines forêts pour renforcer leur adaptation au changement climatique ;
- Les connexes de scierie, produits inévitables de la filière bois construction ;
- Le bois de crise, issu d’épisodes climatiques extrêmes, à capter et valoriser rapidement (attaques de parasites, incendies, etc…) ;
- Le bocage, notamment sur notre territoire, où une gestion dynamique permet de concilier biodiversité, protection des milieux et production de bois-énergie ;
- Les déchets bois, à orienter vers une valorisation matière ou énergétique plutôt que l’enfouissement ou l’export.
Faire mieux avec moins
Plusieurs facteurs contribuent déjà à une diminution des volumes nécessaires pour une même production de chaleur (figure2 du SER ) :
- Amélioration des rendements des appareils,
- Meilleure qualité des combustibles,
- Réduction des besoins de chauffage (baisse des DJU).

Figure 2_Diapo du Syndicat des Energies Renouvelables
En conclusion, si la ressource forestière doit être gérée avec vigilance, le bois-énergie demeure une solution locale, renouvelable et adaptée pour répondre aux besoins de chaleur, essentiels au quotidien. La filière s’inquiète d’un glissement vers d’autres usages de la biomasse, comme les carburants, moins pertinents dans le contexte actuel. La chaleur est un besoin important dont nous avons vraiment besoin.